Projet HygEHPAD

Hygiène de mains en EHPAD : impact sur le risque infectieux

Partenaires :
Institut du Bien Vieillir Korian

Financement :
Projet réalisé sur fonds propres du Cnam et du groupe d’EHPAD Korian, avec le soutien des laboratoires Anios.

Début du projet : juin 2013
Fin du projet : juin 2015

Contexte du projet
L’hygiène de mains est l’une des principales mesures pour limiter la circulation des agents pathogènes infectieux en milieu de soins. Cependant, peu d’études se sont intéressées à l’efficacité de l’hygiène de mains en maison de retraite médicalisée (EHPAD), et l’adhérence des personnels des EHPAD aux recommandations internationales d’hygiène de mains reste très faible (aux alentours de 15%). Ceci est sans doute lié à l’absence de procédures spécifiquement adaptées au contexte des EHPAD.

Objectifs du projet
L’objectif du projet HygEHPAD était d’évaluer l’impact d’une intervention multi-modale liée à l’hygiène de mains sur le risque infectieux en EHPAD. Cette intervention, spécifiquement développée dans le contexte des EHPAD, incluait :
1) Un accès renforcé aux solutions hydro-alcooliques, à la fois pour le personnel, les résidents et les visiteurs
2) Un programme éducatif destiné au personnel de santé, sur les pratiques de prévention du risque infectieux et les recommandations de bonnes pratiques pour l’hygiène de mains
3) La création au sein de chaque EHPAD d’un groupe de travail local pour s’approprier les recommandations sur l’hygiène de mains, et adapter les outils proposés
4) La mise en place d’une campagne de sensibilisation à l’hygiène des mains destinée aux résidents, aux visiteurs et aux personnels de santé et administratif, rappelant les principales recommandations établies par l’établissement
5) Un suivi et un accompagnement des établissements sur le respect des bonnes pratiques d’hygiène des mains par une infirmière hygiéniste mise à disposition par les laboratoires ANIOS.

Méthodes
Il s’agit d’un essai randomisé d’intervention par grappes à deux bras (groupe « intervention » vs groupe « témoin »). 27 EHPAD du groupe KORIAN répartis sur le territoire français ont participé à l’étude : 1 EHPAD pilote, 13 EHPAD dans le groupe intervention et 13 EHPAD dans le groupe témoin.
L’intervention a duré 12 mois, du 1er avril 2014 au 1er avril 2015. Quatre étapes de l’étude où des analyses comparatives ont été réalisées : au début de l’étude, à 6, à 9 et à 12 mois plus tard.
L’adhérence aux recommandations d’hygiène de mains et la consommation de solution hydro-alcoolique ont été suivis dans tous les EHPAD participants. Le critère principal de jugement, mesuré à 0, 3, 6, 9 et 12 mois, était le nombre total de cas d’infections respiratoires aigues (IRA) et de gastro-entérites aigues (GEA) rapportés dans le cadre d’épisodes de cas groupés (au moins 5 cas dans un délai de 4 jours). Les critères secondaires de jugement étaient le taux de prescription antibiotique, le taux de mortalité et le taux d’hospitalisation.
Divers indicateurs ont également été suivis mensuellement au cours de l’étude : caractéristiques des résidents (âges, sexe, degré de dépendance, taux de vaccination anti-grippale), caractéristiques des EHPAD (nombre de lits, proportion de chambres doubles, effectif et absentéisme du personnel, taux de vaccination anti-grippale du personnel).

Résultats
Avant le début de l’étude, les EHPAD des deux groupes n’étaient pas différents. Au cours de l’étude, la fréquence observée d’adhérence aux recommandations d’HM était significativement plus élevé dans le groupe intervention, de même que le volume consommé de solution hydro-alcoolique.
Les données disponibles ne montrent pas d’impact de l’intervention sur l’incidence des IRA. Cependant, il n’est pas possible de s’assurer de la complétude des déclarations.
Les critères de jugement secondaires ont été comparés entre les deux groupes lors du dernier trimestre de l’étude, de janvier à mars 2015, période hivernale au cours de laquelle les épidémies saisonnières de grippe et de gastro-entérite ont eu lieu en France. Cette analyse a été ajustée sur les différents indicateurs recueillis.
Au cours de ce trimestre, la mortalité observée dans le groupe intervention était inférieure de plus de 30% à celle observée dans le groupe témoin. Le taux d’hospitalisation n’était pas différent entre les deux groupes. Enfin, le taux de prescriptions des antibiotiques était significativement plus faible dans le groupe intervention que dans le groupe témoin.

Publications

► Temime L, Cohen N, Ait-Bouziad K, Denormandie P, Dab W, Hocine MN. Impact of a multi-component hand hygiene-related intervention on the infectious risk in nursing homes : a cluster-randomized trialAmerican Journal of Infection Control. 2018 Feb ;46(2):173-179. Projet HygEHPAD

► Hocine M, Temime L. Impact of hand hygiene on the infectious risk in nursing home residents : a systematic reviewAm J Inf Control 2015 Sep 1 ;43(9):e47-52.

Communications

► Hocine M, Temime L, Cohen N, Dab W, Denormandie P. Impact d’une démarche participative pour améliorer l’hygiène de mains sur l’incidence des infections en EHPAD : un essai randomisé. 10ème congrès international francophone de gérontologie et gériatrie, May 14-16 2014, Liège. Belgique (Poster)